COVID-19 : masculin ? Féminin ?

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COVID-19 : masculin ? Féminin ?

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Traductions spécialisées

le 13/05/2020

Lexicologie et champ sémantique – Une synthèse de sources référencées

D’un point de vue terminologique et lexicographique, le terme « COVID-19 », qui apparaît dans le lexique mondial au mois de février 2020, a une fréquentialité hors norme, et un champ lexical et sémantique exponentiel. Le 31 décembre 2019, la Chine informe l’OMS qu’un virus respiratoire frappe la région du

Le nom du virus provoquant la maladie

« Le terme anglais SARS-CoV-2 (severe acute respiratory syndrome coronavirus 2) est la désignation officielle retenue en février 2020 par le Comité international de taxonomie des virus (International Committee on Taxonomy of Viruses, ICTV). Cette désignation a été partiellement francisée en SRAS-CoV-2 par l’Organisation mondiale de la santé, afin de concorder avec le sigle déjà retenu, en français, pour désigner le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Les termes nouveau coronavirus 2019 (ainsi que sa variante) et coronavirus de Wuhan ont été abandonnés au profit de l’appellation SRAS-CoV-2. » (Office québécois de la langue française : Fiche terminologique SRAS-CoV-2)

Le nom de la maladie provoquée par le SRAS-CoV-2

Le SRAS-CoV-2 est le virus responsable de la maladie. Mardi 11 février 2020, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’OMS en annonce le nom officiel : « Covid-19 ». Cette dénomination remplace celle de « 2019-nCoV », décidée à titre provisoire après son apparition. « (…), nous avons désormais un nom pour cette maladie : COVID-19. On l’épelle ainsi : C-O-V-I-D tiret un neuf, COVID-19. En vertu de directives convenues entre l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé animale et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, nous devions trouver une appellation qui ne faisait pas référence à un lieu géographique, à un animal, à une personne ou à un groupe de personnes, et qui est par ailleurs facile à prononcer et liée à la maladie. Avoir un nom est quelque chose de très important, pour éviter que d’autres noms qui pourraient être imprécis ou stigmatisants soient utilisés. Cette appellation nous donne également un format standard utilisable pour toute future flambée de coronavirus. »

COVID-19 : masculin ou féminin ?

La question n’est pas insignifiante, elle concerne tant les médias que les traducteurs, et tout communicant.
Il y a « hésitation dans le genre attribué au terme COVID-19, probablement à cause de la confusion entre la dénomination du virus (SRAS-CoV-2, masculin) et celle de la maladie (COVID-19, féminin). Les sigles étrangers prennent généralement le genre qu’aurait en français le mot de base qui les compose (…). En vertu de cette règle, COVID-19 est de genre féminin, car dans la forme longue du terme français, maladie à coronavirus 2019, le mot de base est maladie. On emploie également le terme pneumonie de Wuhan. » (Office québécois de la langue française : FICHE TERMINOLOGIQUE)

Dans une fiche linguistique publiée le 10 mars 2020 à l’intention des employés de Radio-Canada, Nathalie Bonsaint, conseillère linguistique-terminologue, recommande au personnel de Radio-Canada d’utiliser COVID-19 au féminin, précisant que l’OMS parle de la COVID-19 au féminin , qu’on dira et écrira la COVID-19 (sous-entendu maladie à coronavirus 2019), plutôt que le COVID-19, pour se conformer à la décision de l’OMS. Au Québec, sur l’impulsion du gouvernement, « la » Covid s’est substituée au « le » Covid.

En allemand, COVID-2019 est suivi d’un terme qui conditionne son genre : par ex. « die COVID-19-Erkrankung » (la maladie COVID-19), « die COVID-19 Pandemie » (la pandémie COVID-19), ou, parlant du virus, « die Corona-Krise » (la crise du coronavirus). Sinon, le terme est employé sans article : « COVID-19 ». En russe, la situation est identique : « Пандеми́я COVID-19 » (« pandémie de COVID-19 ») ou « Коронавирусная инфекция (COVID-19) » (« infection au coronavirus (COVID-19) »). Il n’existe pas d’article défini ou indéfini de genre en russe. Précisons que, en russe, COVID-19 est écrit en caractères latins.

COVID-19 : lexique et domaine

Le Bureau de la traduction canadien a édité un lexique de la pandémie assorti de fiches de terminologie avec cette entrée en matière : « (…) La situation mondiale actuelle exige une grande efficacité dans les communications. Le vocabulaire utilisé doit être compris par tous les intervenants et les textes doivent afficher une terminologie uniforme. Le (présent) lexique s’avérera un outil pour les langagiers ainsi que pour toutes les personnes chargées de diffuser de l’information dans le contexte de cette pandémie. Il s’agit d’un document évolutif qui sera mis à jour et amélioré régulièrement. Vous y trouverez des termes appartenant aux domaines de la médecine, de la sociologie et de la politique, entre autres. » : de « Aplatir la courbe », « autoisolement » ou « autosurveillance », « cas symptomatique » passant par « épicentre », « lavage des mains », « quarantaine » et cette liste qui se termine par « voyages non essentiels » et « zoonose ». Chaque terme a sa fiche bilingue français/anglais. Ce lexique médical est en grande partie rentré dans le langage courant : « confinement » et ses variations, « autoconfinement », « déconfinement », « cluster », « gestes barrières », « distanciation sociale », « immunité de groupe », etc. — ces derniers termes ne figurant pas (encore dans le lexique susmentionné) Face à des réalités nouvelles, il faut des mots ou emprunter, s’approprier un lexique réservé à des spécialistes pour les nommer. »

La « motivation linguistique » : donner du sens.

Néologisme et investissement du champ lexical et sémantique Les emprunts au langage et l’appropriation d’un lexique, mais aussi, les néologismes et créations lexicales. La lexicologue Sandrine Reboul-Touré signale de nombreuses inventions lexicales autour du terme « Covid » : « J’ai entendu ”les covidés”, pour désigner les individus ayant contracté la maladie, un peu comme on dit les ”grippés” ». On entend « coranovirus » ou « conarovirus », ou le terme est employé abrégé : « attraper le coro ». Chez certaines personnes, il y a confusion entre le coronavirus (notons qu’il existe des centaines de coronavirus), et la maladie provoquée par le virus. On lit et entend des termes suivants (précédés ou non de tag @ ou de hashtag #) : « coronapero », « coronanniversaire », « skypero », « Whatsapparty», « whatsapero », etc. On lit aussi « Coronaland » (avec sa variation avec « Covidland »), « Vous êtes covidée ? », « les covidés et les non covidés » les « Covid positifs et Covid négatifs » . Dans les médias, le président Jair Bolsonaro est qualifié de « Corona sceptique » notoire. Les premières « coronapistes » (de vélo), aussi appelées « pistes pop-up », protégées par des balises amovibles, font leur apparition : elles ont été aménagées à Montpellier, Toulouse ou Versailles. Enfin, on ne saurait passer sous silence, les « corona bonds » ou « coronabonds », destinés à faire face à la crise économique provoquée par le coronavirus, et terme utilisé en allemand, français, anglais, italien, russe, etc.

Début mars, le champ conceptuel s’est élargi, en France par la rhétorique/métaphore/terminologie guerrière : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. »

Mais revenons au genre du terme COVID-19. En France, et dans le monde de la francophonie, c’est le masculin qui prévaut dans l’usage (Institut Pasteur y compris), et cependant, certains désormais privilégient le féminin pour les raisons énoncées ci-dessus, par exemple, Laurent Lagrost, directeur de recherche à̀ l’INSERM ou Nicolas Martin, chroniqueur sur France Cultur .

Conclusion : en tant que traducteur français/francophone, à quel usage se conformer ? Aux préconisations des Canadiens ou à l’usage courant du reste de la francophonie ?

La question du genre est moins spécieuse qu’on ne le pense : par ex., cette remarque relevée sur twitter : « Ah ben non alors, je ne veux pas que le nom de cette saleté soit un terme féminin. ».

Annexe 1 : OMS

Appellation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et du virus qui la cause Pourquoi le virus et la maladie ont-ils des noms différents ?

Annexe 2 : Termium

Données terminologiques Désignations privilégiées : COVID-19 (féminin) Autres désignations : Maladie à coronavirus 2019 (nom féminin) Définitions : Maladie virale et aiguë causée par le coronavirus SRAS-CoV-2. Notes : Bien que la désignation COVID-19 soit de genre féminin, étant donné que le « D » de « COVID » désigne le mot de base « disease » (« maladie » en français), le genre de cette désignation varie dans l’usage. Certains auteurs l’emploient au masculin dans les textes non techniques où l’on confond la maladie et le virus qui en est responsable.

Anglais

Désignations privilégiées : COVID-19 (nom) Autres désignations : 2019-nCoV acute respiratory disease (ancienne désignation, nom) 2019-nCoV ARD (ancienne désignation, nom) Definition : An acute viral disease caused by the SARS-CoV-2 coronavirus. Notes : COVID-19